Vous pourriez penser que Ktulukru n’est qu’un créateur de bandes dessinées parmi tant d’autres, une sorte de type inutile qui préfère dessiner des trucs idiots plutôt que d’assumer les responsabilités écrasantes de la vie. Vous pourriez, mais soyons réalistes : si vous avez lu ses chefs d’œuvres philosophiques à base de rongeurs mutants, furets et autres saucisses / boulettes, vous savez bien que la vérité est largement plus affligeante.
Biographie
- Enfance
Il est difficile de situer la naissance de Ktulukru. Si l’on pense qu’elle a eu lieu vers le début des années 80, à une époque où des bandes de punks, radiocassette à l’épaule, agressaient les vieilles dames dans des ruelles sombres, enfumées et crasseuses, on n’est en revanche pas vraiment certains de la dimension qui vit apparaître cet odieux personnage. Certains biographes supposent qu’il est né dans une dimension parallèle infernale, qu’il fut bercé par le mauvais goût et nourri de folles inepties. Si cela est fortement possible, il est toutefois plus probable qu’il soit né par génération spontanée dans la poubelle d’une ruelle sombre, enfumée et crasseuse ; et par conséquent, qu’il ait été trouvé par une bande de punks agressifs qui l’élevèrent comme leur propre enfant.
Plusieurs chercheurs sont parvenus, en fouillant dans les archives nationales, à retracer son parcours. Ainsi à 10 ans, après une enfance si chaotique qu’il ne parvenait à finir aucun jeu vidéo, le jeune Ktulukru s’enfuit, et décida d’aller vivre parmi les écureuils ; à vrai dire, il souhaitait vivre parmi les ragondins, malheureusement ces derniers n’acceptaient pas de nouveaux membres, et lui firent comprendre, par leur attitude et quelques gestes déplacés, qu’il n’était pas le bienvenu. En revanche, les écureuils lui firent bon accueil, même si leur politesse apparente cachait une certaine méfiance vis-à-vis de sa personne ; ainsi, jamais les écureuils ne lui permirent de savoir où ils cachaient leurs noisettes, et ils élaborèrent à cet effet une multitude de stratégies de dissimulation. N’allez pas imaginer qu’ils le laissèrent mourir de faim ! Bien au contraire, ils substituaient aux noisettes des noix de cajou, n’hésitant pas à voler des paquets à l’épicerie du coin. Si Ktulukru vécut heureux avec les écureuils, il fut toujours amer de n’être pas complètement intégré. Récemment, un psychanalyste de renom a d’ailleurs établi un lien intéressant entre l’Homme et son œuvre : la présence d’écureuils et de noix de cajou dans la BD, sans parler de l’impolitesse des rongeurs, seraient ainsi l’expression inconsciente des troubles émotionnels qui le déchirèrent alors qu’il était enfant.
Toujours est-il que son bonheur parmi les rongeurs ne fut que temporaire : alors qu’il venait d’atteindre ses 13 ans, il trouva par hasard la noisette d’un de ses frères adoptifs. Toute la famille écureuil vécut cette découverte fortuite comme un affront ; le pauvre Ktulukru chercha bien à s’expliquer, mais cette incompréhension culturelle était impossible à résoudre. La mort dans l’âme, il dut s’en aller.
- Adolescence
Ce drame familial fut le socle sur lequel se construisit son adolescence. Autant dire que sa construction psychologique avait mal commencé.
Néanmoins, si l’on se rend compte de son malheur présent ou passé, on ne peut jamais vraiment savoir quel sera notre malheur futur… Et c’est ainsi que la vie de Ktulukru prit un tournant réellement tragique.
Car laissé à l’abandon, désocialisé du monde des humains, il dut trouver une place parmi ces derniers. Ne sachant pas à qui s’adresser, il se dirigea dans le premier temple Bouddhiste Zen Aristotélicien qu’il trouva. Dans ce temple, il trouva ce qu’il était venu chercher : la paix et la félicité, ainsi que la connaissance approfondie de la nature et des syllogismes. Pourtant, en son esprit tumultueux, Ktulukru était déjà, sans même le savoir, divisé. Car sa nature paisible et délicate allait devoir affronter un être chaotique, voire psychotique, né de l’adolescence et des désillusions de son enfance… Ainsi, Ktulukru était végétalien, respectant les animaux et la nature ; mais dans le même temps, il était un carnivore sauvage qui s’abreuvait de souffrance en achetant du poulet au supermarché ! Alors qu’il aidait une personne faible à monter sa valise dans les escaliers, il faisait un croche-pied à un pauvre enfant qui descendait acheter une glace dans les égouts. Et tandis qu’il absorbait tout ce qu’il pouvait de culture humaniste, il dispensait chaos et intolérance en participant à des séances de jeux vidéo interdits aux moins de 12 ans…
Cette dichotomie vécue, ainsi que le fait remarquer le psychanalyste précédemment cité, peut être retrouvée symboliquement dans le chef d’œuvre de Ktulukru, ZuperWurst, qui illustre cette opposition, ce déchirement, avec d’un côté la saucisse animale, et de l’autre la boulette végétale.
Le jeune Ktulukru fut ainsi, comme tous les adolescents, un odieux personnage destructeur et incapable de savoir ce qu’il voulait vraiment. Il commença à écouter du métal, se drogua (il fit ainsi plusieurs overdoses de raclette) et peu à peu, sans même chanter ou faire de musique, devint une rockstar.
Hélas, son adolescence aurait pu bien se terminer, et l’amener à une vie adulte épanouie, si un terrible événement n’avait pas bouleversé son existence : un beau jour, alors qu’il faisait une conférence sur l’addiction au maroilles chez les jeunes psychotiques, un des jeunes spectateurs schizophrènes du premier rang déclara devant tout le monde que Ktulukru était un homme-poulpe. Evidemment, pourquoi prêter le moindre intérêt à ce genre de propos, surtout de la part d’un jeune schizophrène ? Malheureusement il y avait une raison à cela : Ktulukru était vraiment un homme-poulpe ; et pourtant, jusqu’à présent, il ne s’en était jamais rendu compte ! Ce fut pour lui un choc, car en regardant ses bras, il se rendit compte que c’était vrai, puisqu’il s’agissait de tentacules remplies de ventouses.
Tel un poulbot indésiré, Ktulukru dut de nouveau fuir la compagnie des Hommes, et il partit donc dans l’Océan Pacifiste, où il se lia d’amitié avec les pieuvres (Cette amitié lui inspira d’ailleurs son dernier chef d’œuvre, L’incroyable irruption des céphalopodes mutants). Ces dernières, très intelligentes et curieuses, furent heureuses de partager leur vie solitaire avec un être aussi étrange, et c’est pourquoi elles l’initièrent à différents cultes poulpesques ésotériques. Car, signalons-le, il était tombé sur une véritable secte de poulpes diaboliques, et très vite il épousa leur croyance innommable en de terribles Dieux pirates cyclopéens, et en l’avènement d’une Super Pizza qui finirait par changer la face du monde.
- Stade adulte
Les poulpes, afin d’asseoir leur domination sur la galaxie, demandèrent à Ktulukru de retourner dans le monde des humains, d’y travailler et de se faire passer pour une personne normale. Il fit donc tout ce qu’un humain ennuyeux doit accomplir, à l’exception de trucs chiants comme des enfants ou une véritable hygiène corporelle ; quand le moment fut venu, les poulpes lui communiquèrent sa mission : il devait concevoir une série de bandes dessinées afin de pervertir l’humanité, ou dans le pire des cas lui donner mal au crâne. C’est ainsi que Ktulukru, guidé par une philosophie obscure et un sens de l’humour approximatif, débuta l’œuvre qui allait devenir le but ultime de son existence : le cycle des rongeurs mutants et autres créatures mutantes de type saucisse, boulette végétale ou céphalopodes… Il débuta il y a de cela un certain nombre d’années, et continue de raconter ses histoires maléfiques dans le but de corrompre le genre humain, tout en persistant à se faire passer pour une personne à peu près normale. Deux de ses biographes non-officiels affirment même qu’il a commencé à créer une secte autonome constituée de lui-même et d’une étrange bestiole désaxée à laquelle il serait lié par des liens mystiques ; cette chose inquiétante mais vivante aurait inspiré le personnage de Bouli, et l’on raconte qu’elle en aurait même dessiné l’apparence. A part ça, on raconte aussi que Ktulukru, en dehors de son activité de « dessinateur », serait devenu un justicier vampire, ou encore qu’il serait en train de modifier génétiquement des insectes pour en faire d’effrayants monstres… mais très franchement, il est impossible de corroborer ces déclarations. Tout ce que nous pouvons attester, c’est qu’il est l’auteur de l’œuvre métaphysique que vous pouvez admirer, voire lire, sur ce site web aux buts machiavéliques.